Accord de libre échange UE-Usa «Un pari reposant sur une étude non significative pour l’agriculture» (Momagri)
A l’heure où les autorités européennes s’interrogent sur les pratiques d’espionnage des Etats-Unis, il est tout aussi utile d’être vigilant sur la qualité des outils de négociation pour l'accord de libre échange entre les Etats-Unis et l'Union européenne.
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plus pertinents, avant de s’engager dans un projet qui peut avoir
des conséquences catastrophiques pour l'agriculture. (©Terre-net Média)
« Alors que le cycle des négociations pour un accord de libre-échange entre les États-Unis et l’Union européenne s’ouvre le 8 juillet prochain dans un contexte particulièrement troublé, Momagri (1) révèle que la Commission Européenne s’appuie sur une étude du Cepr (Centre for Economic Policy Research) qui ne permet pas d’évaluer les opportunités et les risques pour l’agriculture. En effet, cette étude est entachée de biais et d’insuffisances qu’il est urgent de dénoncer. Pire, le monde agricole doit savoir que l’agriculture est négligée dans cette étude. C’est pourquoi Momagri évalue à l’aide de son modèle économique les conséquences d’un tel accord sur l’agriculture européenne.
Selon le Cepr : un accord transatlantique procurerait une croissance supplémentaire de 68 à 119 milliards d’euros annuels dans l’Union Européenne et de 50 à 95 milliards d’euros pour les Etats-Unis. L’équivalent du Pacte de croissance européen ! Mais présentés autrement, ces chiffres sont nettement moins convaincants : la croissance du Pib européen ne serait que de 0,3 % à 0,5 % et de 0,2 à 0,4 % pour les Etats-Unis. Or ces faibles résultats sont très inférieurs à la marge d’erreur du modèle et ne sont pas significatifs ! De « gagnant – gagnant », cet accord pourrait aussi basculer vers un scénario « perdant-gagnant » et se traduire par un marché de dupes.
Quel sera l'impact réel pour l'agriculture ?Par ailleurs, le modèle de simulation du Cepr repose, comme souvent, sur des hypothèses éloignées de la réalité des marchés. Des économistes tels que Joseph Stiglitz ont pourtant dénoncé les imperfections des modèles utilisés depuis la crise financière de 2008 qu’ils ont été incapables d’anticiper. Plus grave, le secteur agricole est traité comme un secteur industriel classique, occultant le fonctionnement spécifique des marchés agricoles et la volatilité des prix qui en découle. Ce qui signifie qu’en l’état actuel, les responsables politiques ne connaissent pas l’impact d’une telle décision sur l’agriculture.
Autre sujet d’interrogation, il est urgent d’évaluer la compatibilité de la Pac avec le Farm Bill, voire de compléter l’actuelle réforme de la Pac, de manière à équilibrer les politiques de part et d’autres de l’Atlantique.
En conclusion, les responsables politiques doivent exiger l’utilisation d’outils plus pertinents, avant de s’engager dans un projet qui peut avoir des conséquences catastrophiques. A l’heure où les autorités européennes s’interrogent sur les pratiques d’espionnage des Etats-Unis, il est tout aussi utile d’être vigilant sur la qualité des outils de négociation. »
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